mardi 11 mars 2014

Le ministre des Finances Pierre Moscovici prépare le terrain à Bruxelles

Les Echos - Par Anne Bauer | 10/03

Rester à son poste à Bercy ou faire acte de candidature sur un poste intéressant à Bruxelles, le ministre de l’Economie et des Finances prépare le terrain.

Interrogé par BFM TV dimanche 10 mars, le ministre de l’Economie Pierre Moscovici a déclaré n’être «ni lassé, ni affaibli» à son poste, tout en rappelant que les politiques se construisaient sur une «longue durée», particulièrement au ministère des Finances. Au cours de la même émission, le ministre a aussi gardé la porte ouverte sur un départ vers Bruxelles, où selon lui, «la France doit disposer d’un très grand portefeuille dans la prochaine Commission européenne, notamment un portefeuille économique». Paris ou Bruxelles…, Pierre Moscovici tente de ménager la chèvre et le chou, alors que lesrumeurs de remaniement s’intensifient.
Entre deux réunions à Bruxelles, Pierre Moscovici s’est expliqué lundi. Selon lui, la France n’a pas intérêt à changer trop souvent de ministre des Finances, le rôle de ce dernier étant désormais de s’imposer dans le petit club des dirigeants financiers de la planète tant au G20 ou au G8 qu’à l’Ecofin et l’Eurogroupe en Europe, où se discutent tant la politique monétaire, que la lutte contre l’évasion fiscale, les réglementations financières, les aides macroéconomiques, et la gouvernance de l’euro. «Nos partenaires aiment la stabilité et avoir un interlocuteur clairement identifié», a rappelé Pierre Moscovici. En outre, Bercy est engagé dans un dialogue compliqué avec la Commission européenne et le ministre des Finances souhaite convaincre le Commissaire aux affaires économiques Olli Rehn que la France a bien engagé les réformes adéquates pour réduire son déficit budgétaire et respecter les objectifs promis. Selon les nouvelles règles de gouvernance économique, cette conversation ardue durera jusqu’au début juin.

Un bon candidat... qui dit ne pas l’être

Toutefois, Pierre Moscovici, ex-député européen et ex-ministre des Affaires européennes, connaît bien le fonctionnement de Bruxelles et la nécessité de «se placer» à temps dans le mercato des postes à pourvoir après les élections européennes. Histoire de prendre ses marques, juste pour ne pas être oublié, le temps venu. Or, depuis l’élection vendredi de l’ancien Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, comme candidat à la présidence de la Commission européenne de la famille des partis de droite et de centre droit, on est désormais sûr qu’aucun Français ne figure parmi les prétendants plausibles au remplacement de Jose- Manuel Barroso. Les socialistes ont désigné l’Allemand Martin Schulz, les Libéraux le Belge Guy Verhofstadt, et les autres partis (verts, eurosceptiques britanniques, extrême gauche et extrême droite) ne peuvent prétendre à une majorité. Aussi faute d’être représentée à la présidence de la Commission européenne, la France doit chercher à obtenir un portefeuille «important» au sein des Commissaires européens. C’est pourquoi, «préventivement», le ministre monte au créneau pour plaider pour un «très grand portefeuille économique» pour la France. Qui pourrait regrouper la macro-économie et la surveillance budgétaire des Etats membres mais aussi la concurrence ou le marché intérieur. Car comme à Bercy…, la Commission Barroso a fait la preuve que trop de commissaires - ils sont 28 pour 28 pays - paralysent l’action au lieu de la renforcer. D’où l’idée qui flotte dans l’air de réfléchir à une Commission européenne organisée de façon différente autour de pôles plus larges et cohérents.
Pierre Moscovici déclare ne pas être candidat. Mais à Bruxelles, il est l’un des seuls ministres capables d’argumenter sur la nécessité d’une présidence permanente de l’Eurogroupe, l’avenir du budget européen, la nécessité ou non des changements de Traité, etc. Autrement dit, l’homme est aussi en campagne pour rappeler qu’au cas où, il est le mieux placé en France pour tenir un poste européen.

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